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Anne - Permis Vacances Travail au Japon

Anne est partie voyager et travailler au Japon grâce au permis vacances travail, elle nous partage cette expérience !

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Anne et j’ai fait une licence LEA anglais/espagnol Traduction Communication à Rennes 2 (la troisième année, je suis partie en Erasmus en Angleterre, à Bristol), puis un M1 au Mans en littératures et cultures anglophones, et enfin un master entier à Lille en traduction anglaise, spécialisé dans la traduction cinématographique (sous-titrage, doublage, voice over). Je ne me suis jamais lancée dans la traduction et au final je suis partie trois ans comme assistante de français dans un village au sud-ouest de l’Angleterre (Totnes, dans le Devon). A la suite de ces trois ans, j’ai décidé de partir au Japon dans le cadre d’un Permis Vacances Travail, pendant huit mois et demi.

Quelles étaient tes motivations pour partir ?

Je pense que je rêve de partir au Japon depuis que je suis jeune adolescente. A l’époque je lisais beaucoup de mangas et je regardais des animes, j’avais une connaissance très superficielle de ce pays et de sa culture. Au fil du temps, j’ai commencé à regarder aussi des dramas (séries télévisées) et à aller à des évènements liés au Japon (Japan Expo à Paris et quelques petits évènements dans ma ville natale). Puis, j’ai commencé à m’intéresser à la culture et à l’histoire du Japon (grâce aux dramas que je regardais notamment) et je me suis rendu compte que ce pays était assez loin de l’image parfaite que je m’en faisais. Ma passion pour le Japon ne s’était pas complétement éteinte, mais je ne rêvais plus forcément d’y aller. Pendant une des années où je vivais à Totnes, j’ai eu une coloc japonaise avec qui je me suis très très bien entendue, on est devenues très proches et j’ai rencontré deux autres amies japonaises la même année. Les rencontres m’ont redonné envie de voyager là-bas et c’est à ce moment-là qu’un ami m’a parlé du PVT (accessible aux moins de trente ans).

Le PVT permet de rester dans le pays pendant un an entier et de pouvoir y travailler (ce n’est pas le but du visa, mais c’est censé permettre de financer ses voyages). J’avais donc décidé de voyager à travers tout le Japon, pour vraiment découvrir le pays et sa culture dans son ensemble. C’est bête à dire, mais je me disais que j’allais voir des choses magnifiques mais qu’humainement, ça risquait d’être moins riche, puisque j’avais une vision des Japonais comme étant très fermés aux étrangers, très froids. Je n’avais donc pas forcément d’attentes en partant là-bas, je voulais surtout voyager et voir de nouvelles choses.

Comment as-tu préparé ce projet ?

J’ai minutieusement planifié mes huit mois et demi de voyage en avance afin d’obtenir mon visa. J’ai fait plein de recherches en utilisant divers sites internet (en français et en anglais) pour décider quelles villes et quels endroits je voulais visiter, où je pourrais me loger (auberges de jeunesses, ou hôtels si rien d’autre), comment me déplacer (cars ou trains locaux, suivant les tarifs), quoi manger (plats tout faits achetés dans les konbinis, restaurants pour tester les spécialités locales…) et quel type d’emploi je pourrais trouver (donner des cours de langue, travailler dans une auberge de jeunesse ou dans une ferme). Une fois tout ça « décidé » (du moins en théorie), j’ai prévu un budget relativement précis pour chaque endroit et puis un budget global. Je ne me souviens plus exactement, mais je dirais que ça m’a pris plusieurs semaines et que j’aurais dû prévoir plus de temps. Je suis allée déposer mon dossier à l’ambassade du Japon à Paris (il me semble qu’il est obligatoire de se déplacer) puis peu après, je suis allée récupérer mon visa sur place aussi.

J’ai pu loger dans la famille de deux de mes amies, pendant une semaine à chaque fois, où j’ai été accueillie comme une reine et où je n’ai même pas pu me payer moi-même une bouteille d’eau au supermarché (tellement les parents de mes amies voulaient tout me payer). Ce sont donc deux semaines où je n’ai rien dépensé. Ma maman est aussi venue me rendre visite à deux reprises pendant ces huit mois et a insisté pour tout payer aussi à ce moment-là.
En tout, il y a donc plus d’un mois où je n’ai presque rien payé.

Le séjour dans sa globalité : la vie sur place …

  Transport : je dirais que le pays est assez bien desservi, sauf pour le nord… Je n’ai pas pris le shinkansen, mais les cars sont relativement confortables et suivant les régions, il y a plus ou moins de bus ou de trains locaux. Il y a des endroits en pleine nature auxquels il est difficile d’accéder en transports en commun, mais en s’organisant bien, c’est généralement possible ! 

  Hébergement, nourriture : mis à part les deux séjours chez mes amies, et deux séjours en hôtel (parce qu’il n’y avait pas d’auberge de jeunesse dans ces deux villes-là), je n’ai séjourné que dans des auberges de jeunesse. Il est vraiment possible de trouver des logements peu chers et très agréables, même si ça dépend aussi des villes. Généralement, j’ai eu de très bonnes expériences avec mes logements, les auberges sont plus calmes et propres qu’en Europe d’après mon expérience.
Pour ce qui est de la nourriture, j’ai beaucoup mangé de nourriture toute faite achetée dans les konbinis (onigiris : le « sandwich » japonais, un triangle de riz fourré, vraiment pas cher, bon et nourrissant, que j’achetais pour toutes mes randonnées dans la nature – bentos : plat complet assez bon marché et généralement vraiment bon pour un plat tout fait, à chacun de trouver son enseigne de konbini préférée ;) ) Sinon, la plupart des restaurants sont beaucoup moins chers qu’en France et on y mange très bien pour pas très cher. Pour ce qui est des supermarchés, les fruits et légumes sont assez chers au Japon, mais par contre ils sont vraiment de bonne qualité et bons, quand je restais assez longtemps dans une auberge, je m’achetais des spaghettis et des sauces japonaises pour spaghettis, pas cher et délicieux + astuce : le soir, les supermarchés baissent leurs pris sur les produits frais et il y a de très bonnes affaires.


  Argent : j’ai travaillé trois mois dans une auberge de jeunesse en échange du logement à Tokyo et durant cette même période j’ai donné quelques cours d’anglais à des habitués du café de l’auberge, ce qui m’a permis d’économiser un peu sur mon budget. Je n’ai pas fait la plupart des activités touristiques payantes et j’ai préféré garder cet argent pour m’offrir un vrai restaurant une fois de temps en temps pour déguster la gastronomie locale de chaque région.

  Santé : heureusement, je n’ai jamais eu besoin d’aller chez le médecin au Japon, j’ai juste eu une sorte d’angine en hiver mais j’ai pu acheter du paracétamol (appelé tylenol là-bas) et des masques (que je n’avais pas tous utilisés, j’étais prête pour le début de la pandémie du covid…) dans la pharmacie d’un supermarché. J’avais pris une assurance en cas de besoin d’hospitalisation mais je n’en ai pas eu besoin.

  Population : c’est le point qui m’a le plus surprise, j’ai trouvé les Japonais extrêmement accueillants, en plus d’être généreux, curieux et généralement très gentils. Toutes les fois où je me suis retrouvée dans des situations stressantes ou un peu désespérées, il y a toujours eu quelqu’un pour m’aider. Mon premier soir au Japon, à Tokyo, je me suis perdue sous une pluie battante, la nuit, en cherchant mon auberge de jeunesse et une jeune femme m’a aidé à trouver mon chemin. Avant de partir, elle m’a donné son parapluie avant de repartir elle-même sous la pluie. Mis à part trois ou quatre exceptions, les Japonais (quel que soit leur âge) ont toujours essayé de comprendre ce que je voulais dire, malgré la barrière de la langue. J’ai fréquemment eu des personnes âgées qui venaient me voir, me demandaient d’où je venais, ce que je faisais ici, si je me plaisais au Japon, puis de me dire de bien faire attention à moi puisque je voyageais seule. Notamment dans toute la partie sud du pays, les gens étaient très chaleureux et contents de pouvoir discuter avec une touriste (peut-être parce qu’ils ne sont pas encore habitués à en voir beaucoup…).

  Aspect culturel, langue : même si j’ai vraiment trouvé les Japonais super gentils dans l’ensemble, je pense que ça tient aussi à mon attitude. Je m’étais vraiment bien renseignée sur les règles de politesse et je connaissais déjà un peu le japonais. J’ai bien ressenti, notamment à Kyoto et Nara (villes surpeuplées de touristes, comme Paris, Barcelone ou Venise), que le fait que je fasse l’effort de dire ne serait-ce que cinq/six mots en japonais changeait vraiment la relation que j’avais aux locaux. Je ne compte pas le nombre de fois où des adultes japonais se sont extasiés sur ma soi-disant maîtrise parfaite de leur langue (alors que je n’avais dit que dix mots) et je sentais que ça leur faisait vraiment plaisir. De la même manière, quand on connait les règles de politesse japonaises, on se rend bien compte d’à quel point les étrangers doivent leur paraitre malpolis. Par exemple, parler fort/faire du bruit dans les transports en commun est très impoli, à part quelques exceptions, les Japonais sont en général très silencieux dans les transports, certains dorment même. Autre exemple : se moucher en public est malpoli, les Japonais ont donc tendance à renifler bruyamment, si vous avez besoin de vous moucher en public, faites-le discrètement. ;) Il faut faire attention où l’on marche, je dirais que dans l’ensemble, les Japonais essayent de faire attention à ce qui les entourent pour éviter de déranger les autres. Sans avoir besoin d’aller jusqu’à leur niveau, je pense qu’il faut quand même essayer de faire attention.

Quel était ton budget ?

Je n’ai pas reçu d’aides financières extérieures pour ce voyage, à part un peu de ma famille, le reste vient de mes propres économies grâce aux emplois que j’ai eu avant ce voyage.

Pour donner un ordre d’idée, j’avais prévu de dépenser environ 1000€ par mois, donc un budget total de plus de 8000€ sans compter les billets d’avion. Tout ça sachant que j’ai choisi les options les moins chères pour le logement, les transports, les activités et généralement aussi pour la nourriture (même si je suis allée dans de bons restaurants plusieurs fois, notamment plusieurs fois où l’on m’a invitée). Tout dépend de la façon dont on souhaite voyager, j’ai préféré sacrifier un peu de confort pour voir plus d’endroits.

Selon toi, quels sont les aspects positifs d’une telle expérience ?

Au final, j’ai travaillé trois mois dans une auberge de jeunesse en hiver à Tokyo, dans le café de cette auberge, en échange du logement sur place. Cette expérience m’a fait l’effet d’un mini erasmus puisque je logeais dans un petit dortoir avec les autres personnes qui travaillaient dans l’auberge en échange du logement. J’y ai donc rencontré un Français, un Anglais, deux Japonais, une Japonaise, deux Taiwanaises… En plus de tous les autres voyageurs et employés que j’ai pu rencontrer dans la vingtaine d’auberges dans lesquelles j’ai séjourné pendant ces huit mois. C’était vraiment une super expérience humaine.
Pendant huit mois et demi, j’ai voyagé du sud au nord du pays, entre Yakushima au sud et Shiretoko au nord, en passant par Fukuoka, Hiroshima, Osaka, Kyoto, Nara, Shizuoka, Tokyo, Sendai, Sapporo et tellement d’autres. J’ai pu découvrir le Japon tel que je ne l’imaginais pas, avec 28° en octobre et des palmiers dans le sud, des ours bruns et des parcs naturels magnifiques dans le nord. J’ai visité des espaces naturels absolument merveilleux, où j’ai pu profiter du calme et de l’air pur, je me suis baignée nue au milieu d’inconnues pour la première fois dans des onsens (sources d’eau chaude naturelles) extraordinaires, je me suis promenée dans des villes aux quartiers tellement variés (Tokyo ne se réduit pas à Akihabara et Shibuya, il y a tellement à voir !), j’ai visité des temples bouddhistes et des sanctuaires shinto superbes (des plus petits et plus perdus aux plus somptueux et encombrés de touristes), j’ai mangé des quantités de plats et de spécialités locales différentes (grande passion pour les ramens qui offrent tellement de déclinaisons possibles)… J’ai vraiment pu découvrir une grande diversité tant au niveau culturel que géographique.

Et les aspects négatifs..?

Ce n’est pas lié au pays lui-même, mais j’ai hâte de pouvoir y retourner sur un temps plus court et avec un budget plus important pour pouvoir tester d’autres choses et notamment faire un séjour dans une auberge traditionnelle (ryokan) dans la campagne, avec onsen et repas de type kaiseki.

Le nord de Honshu est mal desservi et il y a peu d’options de logement, je n’ai donc pas pu voir tout ce que je voulais voir dans cette région. Pour ce qui est d’Hokkaido, beaucoup conseillent de louer une voiture pour pouvoir se déplacer plus facilement. Je n’y suis allée qu’à partir de la fonte totale des neiges, donc les transports en commun étaient à nouveau disponibles, mais apparemment, en hiver il est beaucoup plus dur de se déplacer.

Un autre souci est le nombre croissant de touristes (dont je faisais évidemment partie) qui viennent visiter le pays et qui changent l’expérience que l’on peut y avoir. Je n’ai pas apprécié Kyoto et Nara (que j’ai visitées au moment du nouvel an) plus que ça parce que les villes étaient surchargées de touristes bruyants qui ne respectaient pas du tout les règles de politesse du pays et ça a clairement modifié la perception que j’ai eu de ces deux villes. Je n’ai pas ressenti la même chose à Tokyo cependant, mais je n’y suis pas restée pendant les vacances d’été…

As-tu des conseils à donner à des jeunes qui souhaiteraient partir ?

Première chose à faire quand vous arrivez dans une nouvelle ville au Japon, aller au centre d’information touristique. Il y a toujours énormément d’informations là-bas, sur quoi faire dans la ville et surtout, quoi manger. Vous pouvez aussi demander conseil aux employés pour savoir quel restaurant est aimé des locaux.
Sur le même sujet, une chose que j’ai compris un peu tard : si vous voyez des Japonais faire la queue devant un restaurant, c’est très bon signe, imitez-les ! ;) Ils ont l’habitude de faire la queue parfois plus d’une heure pour manger un délicieux repas, en général vous pouvez leur faire confiance.

Je n’avais pas pris d’abonnement ou de dispositif pour avoir internet sur mon téléphone, je n’ai donc utilisé que le wifi gratuit (qui est très présent dans les villes quand même, comparé à la France). Une jeune Française que j’ai rencontrée au tout début de mon voyage m’a aussi expliqué que si je regardais un trajet sur google maps et que je ne fermais pas l’application et que j’activais le gps, je pouvais ensuite suivre ma position sur le plan même sans connexion internet ! Ça m’a servi pendant tout mon voyage, je ne sais pas comment j’aurais survécu sans…

Un autre conseil, si vous n’aimez pas la chaleur et l’humidité (comme moi), évitez l’été ! ;) Le mois de juin est normalement le mois de la pluie et des typhons, même si j’ai été relativement épargnée lorsque j’y étais. Par contre, quand je suis arrivée en octobre, il y avait encore des typhons, donc temps très humide et chaud.

Les sites utiles :

Japan Guide
Ce site est vraiment le site de référence pour organiser son voyage au Japon, il y a tellement d’information ! Il est très à jour donc en général le moindre changement est indiqué dessus. Que ce soit pour avoir une vue d’ensemble d’une région, des informations spécifiques sur une ville ou un lieu particulier, pour connaitre les options de transports… Tout y est !

Vivre le Japon
Un site similaire mais en français, si l’anglais n’est pas votre tasse de thé.

Rome2Rio
Je l’ai utilisé fréquemment pour compléter les informations que j’avais trouvées sur Japan Guide concernant les transports, ça peut être très pratique.

Pour réserver tous mes logements, j’ai utilisé Booking.

Ma chaîne youtube :
https://www.youtube.com/channel/UCwXJkxMFEtgxjmHKDKBfuSw

Mise à jour jeudi 30 décembre 2021, par Leilani